G.I. Gay

Scénario : Alcante
Dessin et couleurs : Munoz Serrano
Éditeur : Dupuis collection Aire Libre
Pages: 128
Date de sortie : 06/09/2024
Genre : Homosexualité, 2ème guerre mondiale, Marines américain, tranche de vie

« Dorénavant, on pourra cataloguer comme « psychopathe sexuel » toute personne qui aurait de simples tendances homosexuelles, qu’elle soit passée à l’acte ou non. »

Résumé de l’éditeur:

7 décembre 1941 : alors que Pearl Harbor pousse les États-Unis à entrer en guerre contre le Japon, le jeune psychiatre Alan Cole exerce à l’hôpital de San Diego. Exempté de conscription, il décide toutefois de s’engager sous la pression de son futur beau-père, général à la retraite qui ne donnera sa fille qu’à « un homme, un vrai »… C’est ainsi qu’Alan va se retrouver à examiner tous les nouveaux marines, avec pour objectif d’écarter ceux dont le comportement pourrait nuire à la cohésion des troupes : délinquants, alcooliques et surtout les homosexuels, considérés à l’époque au mieux comme des malades mentaux, au pire comme des criminels. Mais Cole, en rencontrant, Merle Gore, jeune GI plein d’assurance, va en tomber amoureux… Ensemble, Alan et Merle devront non seulement survivre aux offensives des Japonais mais également aux purges anti-homosexuelles de l’armée US !

Mon avis:

Quand j’ai lu le titre, j’ai deviné les thèmes centraux, mais je ne m’attendais quand même pas à ce récit. Je dois dire que j’ai été choquée, je sais que l’homophobie est encore très présente de nos jours, ce n’est pas un secret. Mais, lire ce roman graphique sous forme de témoignage, c’est autre chose, c’est plus percutant. Je suis en pleine incompréhension, je ne ressens aucune haine envers les homosexuels ou toute autre personne étant différente de moi. Chacun est libre de vivre sa vie à sa convenance, et donc ce concept de haine me heurte vraiment beaucoup.

Bien sûr, l’époque et le contexte où se place cette histoire sont éloignés de la nôtre. Les mentalités étaient encore assez moyenâgeuses et très puritaines, mais quand même… Il me tient à cœur de ne pas écrire quelque chose qui pourrait heurter, surtout pas sur cette thématique. J’ai envie d’être respectueuse, c’est ce que je ressens et je pense que c’est normal. Je dirais même que c’est un ouvrage nécessaire et qui résonne encore fortement à l’heure actuelle. Ce qui m’a aussi profondément choquée, c’est que l’abolition de cette loi a été réalisée lors du mandat du président Obama. Toutes ces années, cette loi discriminante et honteuse est restée valide et probablement appliquée. Ça prouve quand même que les mentalités n’avaient pas vraiment beaucoup évolué. Je n’ose imaginer le poids que ces hommes devaient porter… Devoir se cacher, la honte ressentie, la culpabilité, tenter de mener une vie « normale », se marier, avoir des enfants. La peur d’être découvert, d’être mis au ban de la société, d’être battu parfois à mort, de perdre tout ce qu’ils possédaient. D’être envoyés en prison et condamnés pour être simplement eux-mêmes…D’être comparés à des psychopathes, je crois que c’est le pire que j’ai lu ! Sans parler de ce que j’ai découvert en me documentant, les camps d’internements pour soit disant guérir de cette maladie. De nombreux enfants, encore de nos jours, y sont internés et en ressortent traumatisés, les « thérapies » sont juste innommables ! Si ce sujet vous intéresse, quelques vidéos sont disponibles sur youtube, vu le caractère choquant, je ne les publierais pas ici.

J’ai beaucoup de mal à m’exprimer, moi qui suis bavarde d’habitude. Je pense que cette BD mérite d’être lue et que ce qu’elle raconte se suffit largement à elle-même. Je ne vais pas trop en dire, mais je l’estime vraiment importante. Je dois dire que j’ai été vraiment absorbée par le récit, au point que j’ai presque fait l’impasse sur le graphisme. Pour être honnête, ce n’est pas un type de dessins que j’affectionne mais je trouve qu’ils correspondent assez bien à l’ambiance. Je ne ressors donc pas totalement indemne de cette lecture, mais je peux dire que je l’ai appréciée ! Pour finir, je signale que cet ouvrage à reçu le soutien de la FWB.

Sandra/ Ithilwen