Une histoire de sororité en prison
Autrice : Muriel Douru
Éditeur : La Boîte à bulles
144 pages
Date de sortie : 18 septembre 2024
Genre : Docu-fiction, tranche de vie (en prison), société
« M’entendre rire alors que je suis en prison, ça me fait toujours bizarre… »
Présentation de l’éditeur :
Jade vient d’être incarcérée loin de chez elle. Le choc est rude. Mais dans cette maison d’arrêt, des détenues ont entrepris d’humaniser le lieu…
Arrêtée pour transport de produits stupéfiants, Jade se retrouve enfermée en maison d’arrêt. À sa sortie du quartier des nouvelles arrivantes, elle est aussitôt accueillie par Florence et Maryam, deux détenues membres du collectif des Pluri’elles.
Ce collectif de prisonnières s’est fixé pour objectif d’améliorer les conditions de vie en prison en veillant à l’accueil des nouvelles arrivantes, en venant en aide aux détenues les plus fragiles, en obtenant certains droits de l’administration.
Jade a du mal à s’adapter à sa condition de détenue, loin de chez elle, sans visites dans ce lieu froid et cloisonné…
Appréciant la solidarité manifestée par plusieurs détenues impliquées dans les Pluri’elles, elle décide d’assister à l’une de leurs réunions. À l’origine du collectif, se trouve une initiative de Médecins du Monde désireux de voir comment améliorer la santé des personnes détenues. Avec comme principe de faire émerger les problèmes et les solutions des personnes concernées, une démarche permise par l’article 29 de la loi de 2009 qui stipule que les personnes détenues doivent être consultées… Malgré leurs six ans d’existence, les Pluri’elles ont encore de nombreux chantiers à mener. Par exemple, améliorer les conditions « d’extraction » pour aller voir un médecin spécialiste, si humiliantes que nombre de femmes renoncent à y avoir recours…
Un docu-fiction qui donne à comprendre ce que sont les conditions de vie des femmes en prison, avec, en contrepoint, la touche d’optimisme qu’instille l’existence de ce collectif de détenues…

Mon avis :
Après son album dédié aux travailleuses du sexe, Muriel Douru revient avec un autre sujet fort. “Sortir de l’ombre”, c’est une immersion dans la vie carcérale pour les femmes. En France, elles n’atteignent même pas 4% de la population des prisons, pourtant : aussi peu nombreuses soient-elles, la vie n’en est pas rose pour autant.
Certains diront “mais si elles sont en prison, c’est qu’elles l’ont mérité”. Certes. Beaucoup sont conscientes qu’elles doivent payer pour ce qu’elles ont fait. C’est la justice. Mais pour autant, celle-ci doit rester humaine. Ces femmes ne sont pas des objets qu’on enferme dans un coffre-fort le temps de leur peine et puis basta. Or, la vie carcérale se résume pour beaucoup à : promenade, gamelle du soir et puis dodo. Selon les établissements, certaines peuvent s’estimer heureuses d’avoir une douche par semaine et ne parlons même pas des protections hygiéniques…
Raisons pour lesquelles “Médecins du Monde” ont voulu tenter une nouvelle approche qui semble porter leurs fruits à en lire ces témoignages sous couvert de ce docu-fiction interpellant. L’entraide, l’écoute et un échange bienveillant avec les différents intervenants font de l’action Pluri’elles une méthode qui fait ses preuves ! C’est ce que nous démontre l’autrice dans un graphisme plutôt simple, à l’encrage très épais, mais qui s’accorde avec le style documentaire. Intéressant, vraiment. Une autre vision de ces femmes avec les hauts, les bas, le quotidien morne à moins de payer le prix fort pour quelques menus plaisir (comme la tv ou le frigo), les pensées suicidaires (parfois suivies de l’acte…). Comme Jade, je pense, chaque lecteur sortira grandi avec ce titre.
ShayHlyn.







Bravo en tout cas à la boite à bulles pour oser ce genre d’album.
La prison devrait être aussi un lieu de reconstruction et pas seulement de détention.
J’aimeJ’aime