Et que se taisent les vagues

Scénario : Désirée Frappier
Illustrations : Alain Frappier
Éditeur : Steinkis
320 pages
Date de sortie : 24 octobre 2024
Genre : Roman (bio)graphique, Historique

« Par son arrogance et son mépris à notre encontre… la caste des vaches sacrées aiguisa notre conscience de classe. »

Présentation de l’éditeur

Chili, 1973. Alerté par les discours conspirationnistes de leurs officiers, un groupe de jeunes marins se retrouve témoin des préparatifs du complot visant à destituer le gouvernement de l’Unité populaire. Sur fond de conscience de classes, le soutien au président nouvellement élu Salvador Allende gagne les troupes. La riposte s’organise. S’engage alors une véritable course contre la montre pour éviter le coup d’État du 11 septembre. Une lutte sociale héroïque et peu connue qui intervient à l’heure où décline la démocratie et se met en place une dictature.

Mon avis

4 ans !!! 4 ans que j’attendais cette BD ! C’est long 4 ans ! Ça aiguise les attentes 4 ans… Et pourtant, une fois de plus, je n’ai pas été déçu par la superbe copie rendu par les Frappier.

En effet, comme le précise l’éditeur, après avoir évoqué l’avant Allende, puis les 1000 jours de l’Unité Populaire et le coup d’état qui s’ensuivit, il s’agit cette fois pour les auteurs de porter le regard sur l’imminence du coup d’état du 11 septembre 1973 sous un autre angle. Car c’est bien de l’intérieur, en quelque sorte (enfin, pas vraiment, mais tout de même) que cette histoire nous est cette fois racontée. On réalise à cette occasion qu’une partie non négligeable de l’armée, au moins dans la Marine, mais il n’y a finalement pas de raison que ce fût différent dans les autres corps militaires, qu’une partie de l’armée n’était non seulement pas POUR le coup d’état, mais résolument CONTRE.

Bien sûr, si l’on y réfléchit bien, ce n’est pas particulièrement étonnant, car l’armée, la troupe du moins, est toujours composée par les enfants du peuple, et c’est encore plus vrai dans les pays pauvres comme l’était le Chili des années 70. Et le peuple ayant porté Allende et l’UP (Unidad Popular) au pouvoir, il était normal que cette sympathie se reflète un minimum dans l’armée. Pour autant, l’image finale d’un coup d’état militaire, c’est que l’armée, généralement dans son ensemble (à part quelques divisions, parfois, commandées par des militaires légitimistes) a déposé le pouvoir en place avec plus ou moins de violence. Cette superbe BD vient simplement nuancer ce propos et nous rappeler que ce son bien les cadres de l’armée, ceux qui ne suivent pas leur formation militaire dans les même écoles que les soldats lambdas, les officiers en fait, qui ont pensé, planifié et organisé le coup d’état, et que le reste de l’armée n’a eu d’autre choix que de suivre le mouvement. Soit par conditionnement, soit par peur des représailles. Et représailles il y eu, pour ceux qui avaient tenté d’empêcher le carnage…

Bref, encore une fois, un magnifique BD qui se dévore, même si vous n’avez pas le même tropisme que moi pour l’Amérique du Sud et les expériences de Gauche latino-américaine. Et, tant que vous y êtes, je me permets de vous (re)conseiller la trilogie dans son intégralité : Là où se termine la terre, Le temps des humbles et Et que se taisent les vagues.

ScénarioDessinico_Album
quatre_et_demicoeur_quatrecoeur_quatre_et_demi


Odradek

2 commentaires sur “Et que se taisent les vagues

Ajouter un commentaire

Laisser un commentaire

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑