La troisième personne

Autrice : Emma Grove
Éditeur : Delcourt Outsider
920 pages
Date de sortie : 22 mai 2024
Genre : autobiographie

« Katina voulait prendre le contrôle… Mais je lui ai dit “non, je vais gérer !” J’essaie de gérer les choses toute seule en ce moment… J’ai eu comme une sorte d’”absence”… Je suis pas sûre d’avoir bien tout suivi… Vous êtes vraiment content que mon grand-père m’ait battue ?! »

Présentation de l’éditeur :

Emma Grove nous livre le témoignage bouleversant de sa transition de genre mise en péril par ses troubles dissociatifs de l’identité. Ce récit poignant est le fruit d’une talentueuse autrice à la résilience incroyable.

Mon avis :

920 pages d’un style graphique minimaliste MAIS qu’on a du mal à lâcher tant c’est captivant ! Parce qu’on sent toute la sincérité, la douleur et le parcours de l’autrice pour parvenir à raconter sa vie… divisée en trois. Ou tripler, au choix.

Débutant comme un parcours de transition classique, comprenant la rencontre avec des thérapeutes pour valider ou non la prise d’hormones et ainsi entamer le processus pour devenir qui on est au fond de soi quand on n’est pas né dans le bon corps. Voilà que le parcours d’Emma Grove ne se veut pas aussi “simple” que les autres. Au fil des séances avec Toby, le lecteur découvre rapidement que sous le visage d’Emma se cache Ed ou Edgar, la personnalité d’origine, mais également Katina : un alter protecteur et excentrique.

Bien que les planches se ressemblent énormément avec notre protagoniste principale sur le divan et le thérapeute en face d’elle, dans son fauteuil (avec des interludes dans d’autres lieux de la vie de tous les jours) : on est happé par le récit de ces trois “entités” en un seul corps. Déjà vivre une vie, c’est compliqué, mais trois… Il y a de quoi en perdre son latin. Qu’on soit psychologue, lecteur et bien évidemment : la personne qui doit surmonter ce trouble qui nous paraît tellement improbable quand on y pense.

C’est compliqué d’imaginer que plusieurs personnes coexistent dans notre tête et qu’elles peuvent communiquer ensemble, ou même se cacher des pans de leurs vies respectives, prendre le contrôle et faire perdre la mémoire aux autres… Et si en plus, notre moi profond veut changer de sexe : je pense qu’on pourrait même en perdre l’usage de notre langue maternelle !

Or, cette brique de presque 1000 pages n’est pas une fiction. Ce qui rend sa lecture captivante et émouvante. On ne peut pas rester insensible aux émotions d’Emma et ses alters. Et de savoir que le TDI existe réellement, et pas que dans le film “Split” (génial au passage), ça remet bien des choses en perspectives. Les troubles de la santé mentale, ce n’est définitivement pas que dans la tête !

ShayHlyn.

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