Le Gouffre des Résurrections

Scénario : Hirodjee
Dessin: Gabriel Rodriguez

Couleur : Alexandre Boucq
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Date de sortie : 4 septembre 2024
112 pages
Genre : Survival congelé

« Le gouffre est dangereux mais Frobisher le connaît. Frobisher ne sort plus car dehors le danger est encore plus grand ! Le froid, les ours, les morts ! »

Présentation de l’éditeur

Greenwich, Angleterre, 1843, un célèbre explorateur prend la tête d’une expédition polaire. Deux ans plus tard, sans nouvelles de sa part, sa femme Lady Greenwood monte une nouvelle expédition pour partir à sa recherche, entourée d’un vieil amiral et de sa nièce extralucide. Elle découvre alors que son mari est en réalité parti sur une île légendaire où les morts reviendraient à la vie. Cela ne la décourage pas de poursuivre son entreprise, qui tourne progressivement au cauchemar, entre vie et mort.

Mon avis

Une belle couverture glacée (mouarf) attise la curiosité avec cette aurore boréale en forme de spectres. Hirodjee s’est visiblement inspiré de l’histoire vraie du Terror et de l’Erebus, mystérieusement disparus alors qu’ils cherchaient le passage du nord-ouest américain. Dan Simmons en a fait un livre passionnant. Gabriel Rodriguez réussit très bien à donner vie à ses personnages dans un cadre historique réaliste. Mais c’est surtout dans les paysages glacés, habilement colorisés par Alexandre Boucq, que l’aventure bat son plein et que le fantastique et l’horreur se répandent. L’enfer n’est pas fait de flammes mais de neige et blizzard.

Les personnages féminins sont ici centraux, avec Pearl en héroïne pleine de tempérament, de force, de courage, d’intelligence et de beauté. Le mari qu’elle tente de retrouver apparaît quant à lui parfaitement à l’opposé, ce qui donne à Lady Greenwood deux qualités supplémentaires : du dévouement et de la dignité.

La qualité du dessin souligne une tension et une violence qui grimpent au fil des pages. Les révélations se succèdent, certaines plus cohérentes que d’autres; l’ensemble tient la route. Ces 106 pages constituent un bon cocktail d’expédition polaire horrifique qui soulève des thématiques telles que l’immortalité, la force du lien amoureux, la recherche du dépassement de soi (et de l’autre). De belles trouvailles sur ces zombies arctiques avides de chaleur et qui souffrent de leurs blessures passées et du froid…Tout comme les vivants en fait. C’est à se demander s’il ne s’agit pas, dans cette allégorie morbide, de parler avant tout d’une humanité prête à tout pour satisfaire ses besoins et ses désirs.

Petitgolem13