L’intrus à l’Etrange

Scénario : Simon Hureau
Dessin et couleurs : Simon Hureau
Éditeur : La boîte à Bulles
145 pages
Date de sortie :  septembre 2024
Genre : chronique sociale ; enquête

 

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 » – Bonjour messieurs, excusez-moi, je cherche un certain Félix Larose…
– Larose ? Qui c’est ça ?… « 

 

Présentation de l’éditeur

A la mort de son grand-père, Martial hérite de deux valises closes, destinées à un certain Félix Larose et une boîte remplie de lettres d’amour rédigées par une certaine Georgette Blizard résidant à Magnat l’Etrange.
Mis à la porte par sa compagne et passablement désœuvré, Martial met le cap sur ce petit village de la Creuse où il espère retrouver non seulement Georgette mais également Félix. Une bourgade rurale comme tant d’autres si ce n’est que sa population semble toute entière hostile à l’un d’entre eux, au point de défendre celui qui l’a sévèrement passé à tabac.
En outre, depuis quelque temps, les nuits, en ces abords du Camp militaire de la Courtine, sont anormalement riches en chauve-souris de tous horizons. Ce phénomène étrange attise la paranoïa des autochtones et attire une poignée de journalistes, de scientifiques et… de chasseurs de vampires…
Inutile de préciser que l’arrivée de Martial et les explications de ses motivations toutes personnelles laissent songeurs les habitants du village…

Mon avis

Publié initialement en 2011 en noir et blanc,voici une réédition en couleur de cet album multi primé (prix de la Nouvelle République du Centre-Ouest – Festival BDBoum de Blois 2011, prix du meilleur dessin au festival Normandiebulles 2011, Fauve Polar au festival d’Angoulême 2012).

Entre chronique sociale et polar énigmatique, cet Intrus à l’Etrange intrigue ne serait-ce que par son titre. L’Etrange, c’est le nom d’un village (un vrai) dans la Creuse, Magnat-l’Etrange. C’est là que se rend Martial qui, à la mort de son grand-père hérite de deux valises fermées qu’il doit remettre à un certain Félix Larose, et d’une boîte pleine de lettres d’amour écrite par Georgette Blizard. En pleine rupture amoureuse, Martial quitte alors Paris, direction la Creuse.

Avec une certaine nonchalance et une petite dose de naïveté, il va devoir mener une enquête pour retrouver l’ami de son aïeul. Il sera confronté à une vague de souvenirs de jeunesse, et un tsunami de mystères tous plus étranges les uns que les autres. Mort subite d’une octogénaire, animosité violente des villageois, loi du silence, quiproquos, invasion de chauves-souris bizarroïdes, cas de vampirisme ou de rage galopante…

Simon Hureau à concocté un polar social original qui chatouille la curiosité du lecteur du début à la fin. D’abord intrigué par les déboires de Martial, on se prend d’affection pour lui et l’on se retrouve vite séduit par sa fausse nonchalance qui confère au récit une ambiance de saine nostalgie. Les mystères et les rebondissements sont nombreux, mais l’action est mesurée et tranquille.

Côté graphisme, on appréciera un dessin fouillé et pleins de détails, peut-être un peu trop parfois. Les planches auraient mérité un format un peu plus grand. Mention spéciale aussi pour cette longue pause silencieuse lorsque Martial fait une découverte cruciale. L’enquête devient alors balade et nous transporte dans un autre monde. Dépaysement garanti !

Sur fond de vieilles amitiés perdues, d’amours secrètes, de ruralité brutale et d’expériences bizarres, Simon Hureau tisse une chronique sociale empreinte de nostalgie, de tendresse et d’un peu de poésie.

Loubrun