Retour à Tomioka

Scénario : Laurent Galadon
Dessin : Michaël Crouzat
Colorisation : Andrès Garrido Martin & Clara Patiño Bueno
Éditeur : Jungle
104 pages
Date de sortie : 22 août 2024
Genre : tranche de vie, drame

« Les chôkeshin sont des yôkai papillons qui portent l’âme d’humains décédés… Et il y a eu beaucoup de morts et de disparus en 2011 dans la région, à la suite du tsunami. »

Présentation de l’éditeur :

Osamu partage avec sa grand-mère son goût pour le merveilleux. Proche des yôkai, ces créatures magiques et malicieuses, il se tient loin des humains depuis qu’ils ont fui Tomioka après l’accident nucléaire de Fukushima.

Mais lorsque Bâ-chan décède, Osamu ne peut se résoudre à l’enterrer loin de leur maison. Il convainc alors sa sœur, Akiko, de fuguer pour déposer ses cendres au pied de l’autel familial, au cœur de la zone interdite…

Mon avis :

Entre folklore mythologique et réalité omniprésente, “Retour à Tomioka” touche le lecteur en plein cœur ! Initialement prévu en animé (je guette sa sortie au cas où), Laurent Galandon et Michaël Crouzat se sont lancés, en parallèle, à l’écriture de la version BD dont la couverture ne rend vraiment pas justice, tout en résumant bien la situation… Car nous sommes dans la tristement célèbre région de Fukushima, au Japon.

Le tsunami qui a fissuré la centrale nucléaire a également emporté nombre d’êtres humains, dont les parents d’Osamu et Akiko. Ces derniers étaient, quant à eux, chez leur grand-mère à ce moment là, mais la catastrophe suivante les a obligés à quitter également les lieux. Un chamboulement dans leur vie qui ne sera pas le dernier. Mais voilà un choix bien judicieux de la part de Laurent Galandon pour ressentir le poids de la catastrophe avec une âme innocence, notamment celle d’Osamu qui est le véritable personnage central de ce récit.

C’est un gamin qui croit aux yôkai, esprits de la Nature, qui apparaissent dans le dessin de Michaël Crouzat. L’artiste jongle alors entre le mythe et les décors bien réels de Fukushima et ses environs. Un trait fin, d’inspiration nippone, dont on imagine bien la finalité en animé. De même que le scénario fait s’affronter la vision pragmatique des adultes face à celles, émotionnelles, des enfants bien déterminés à déposer l’urne de leur grand-mère à l’autel familial, en pleine zone rouge !

Un récit qui se veut abordable à un très grand panel de lecteurs, des (pré)ados aux retraités. Et qui a le mérite de nous flanquer une bonne gifle dans la figure, avec les préjugés des uns envers les victimes de ce double drame, les héros qui agissent dans l’ombre au cœur des villages abandonnés, ou encore la portée des médias sur cette affaire.

Petite anecdote : je travaillais avec des artistes japonais à l’époque et je me souviens comme c’était “deux poids, deux mesures” entre les informations occidentales et celles émanant des médias japonais. Nous, petits belges, étions en panique pour les proches des quatre artistes avec qui nous étions en tournée à ce moment là, tandis qu’eux étaient extraordinairement zen. Jusqu’à ce qu’on leur montre des vidéos anglophones du drame… S’ils avaient continué à écouter aveuglément (bizarre mon expression, non ?!) le gouvernement japonais, tout leur paraissait sous contrôle alors qu’encore aujourd’hui, il y a des zones radioactives là-bas…

En tout cas, voici mon coup de cœur pour la rentrée. J’ai été touchée par ce gamin voyant des esprits de la Nature comme on verrait des fées par chez nous et son Roadtrip, avec sa sœur, en terrain sinistré. À lire et partager sans modération !

ShayHlyn.

7 commentaires sur “Retour à Tomioka

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    1. c’était pas croyable. On logeait au même endroit et c’était lunaire. Eux, tranquilles. Et nous, complètement stressés. Du coup, on les harcelait pour savoir si leurs familles leurs proches, ça allait. Et de nous répondre: y a pas de quoi s’inquiéter.

      du coup, quand on leur a montré ce que nous on avait comme info, je les ai jamais vu se jeter sur leurs pc et téléphones aussi vite pour prendre des nouvelles et dire ce qu’il en était vraiment.

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