Fassbinder

L’homme qui voulait qu’on l’aime

Scénario : Noël SIMSOLO
Dessin : Stefano D’ ORIANO
Éditeur : Glénat
Date de parution : 15 mai 2024
224 pages – cartonné
Metteur en scène de légende

Retour sur le destin de l’enfant terrible du cinéma allemand.

Qui d’autre que Noël Simsolo pour nous conter l’histoire officielle et intime de celui qui fut son ami et qui fut le premier à projeter les films de Fassbinder en France à une époque où le cinéaste était encore inconnu ?
Voici un portrait sans fard et sans excès, d’une bouleversante honnêteté de l’enfant terrible du cinéma allemand devenu une légende.

Né en 1945, dans l’Allemagne d’après-guerre, Rainer Werner Fassbinder grandit à Munich. Enfant, il écrit des pièces de théâtre et passe son temps dans les salles obscures… Bien que recalé des écoles de cinéma, il devient cinéaste et est vite considéré comme l’un des auteurs les plus prolifiques de son époque. Il réalise plus de 40 longs-métrages en 13 ans, travaillant avec la même troupe de comédiens.

Bisexuel revendiqué, il épousera Ingrid Caven, tout en faisant tourner ses conquêtes masculines devant la caméra. Acteur, auteur et metteur en scène, il enchaîne les films à un rythme effréné à partir des années 70. Son cinéma engagé est hanté par l’histoire de l’Allemagne, mais ce sont surtout ses portraits de femmes qui marquent son oeuvre… Ses héroïnes, tantôt proies ou objets de désir crèvent l’écran ! Influencé par le mélodrame hollywoodien de Douglas Sirk, Fassbinder montre sans fard la cruauté des sentiments et filme les femmes avec dévotion. Ses personnages reflètent la société de l’époque, ou celle de la Seconde Guerre mondiale : Maria Braun, Effi Briest, Lilli Marleen, Lola… Acclamé par la critique, il ne sera récompensé que pour son avant-dernier film, Le Secret de Veronika Voss, qui reçoit l’Ours d’or à Berlin en 1982.

Les illusions perdues, l’homosexualité ou le racisme avec Tous les autres s’appellent Ali sorti en 1974, restent ses grands thèmes de prédilection. Figure emblématique du cinéma allemand, aux côtés de Wim Wenders ou Werner Herzog, il meurt à seulement 37 ans après une vie d’excès et d’épuisement en laissant des chefs-d’oeuvre (Les Larmes amères de Petra von Kant, 1972, Le Mariage de Maria Braun, 1978, parmi tant d’autres…) qui toucheront, au fil des années, un public de plus en plus large.

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Cet album s’insère dans la collection 9 ½ consacrée aux monstres du cinéma. Sa lecture pourrait dérouter les lecteurs qui ne sont pas familiers avec la production de Fassbinder. Le côté en apparence déstructuré, le ressenti kaléidoscopique, l’impression d’absence de fil conducteur, les effets d’accumulation et de frénésie sont autant de caractéristiques du travail cinématographique reprises ici pour les besoins du scénario du roman graphique. Pour visionner et apprécier les films et lire cette biographie, le spectateur comme le lecteur doivent faire preuve d’ouverture d’esprit et se préparer à un effort de compréhension. Ici, le fond correspond bien à la forme, ce qui permet de mieux comprendre pour l’appréhender cette oeuvre cinématographique déroutante, difficile, mais essentielle.

J’ai personnellement adoré la dernière planche, celle qui reprend la réponse téléphonique de Godard à un journaliste lui demandant son avis sur la disparition de Fassbinder. « Quoi de surprenant de mourir à 37 ans. Lorsque depuis douze ans on est tout seul à faire le cinéma allemand! »

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SKIPPY

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