Le Convoi (intégrale)

Scénario :Denis Lapière
Dessin : Eduard Torrents
Colorisation : Froidebise
Éditeur : Dupuis Air Libre
136 pages
Date de sortie : 1er mars 2024
Genre : histoire, tranche de vie

« De toute façon, il n’y a plus rien à discuter ! Tu nous accompagnes en France et puis tu disparais. Pour le reste, je ne veux rien savoir, puisque tu veux jouer aux héros… »

Présentation de l’éditeur :

Montpellier, 1975. Angelita, fille de réfugiés espagnols à qui sa vie tranquille semble trop rangée, est tentée de flirter avec l’un de ses collègues. Mais son existence va soudain prendre un tour dramatique lorsqu’elle découvre que sa mère a fait une crise cardiaque. À Barcelone. Alors qu’elle avait promis de ne pas y retourner tant que Franco serait encore vivant… Accompagnée de René, son beau-père français, qui l’a élevée après la mort de son père alors qu’elle avait 10 ans, Angelita va partir à la redécouverte de son passé, celui de la retirada, qui vit des milliers d’Espagnols républicains fuir leur pays vers la France, avant de se retrouver dans les camps d’Argelès, d’Angoulême, ou pire : de Mauthausen…

Eduard Torrents, dessinateur barcelonais, nourrit cette histoire de son propre passé familial, mis en scène par le réputé Denis Lapière, qui compose avec Angelita un personnage tout en subtilité.

Une fiction universelle, nourrie d’une Histoire qui l’est tout autant, proposée dans une indispensable édition intégrale complétée d’un dossier historique exclusif.

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Mon avis :

Cette intégrale commence comme une tranche de vie lambda, avec les envies d’ailleurs d’une femme cantonnée dans sa vie de famille, métro-boulot-dodo. Mais tout bascule, oserais-je dire “à nouveau”, quand le passé la rattrape avec “Le convoi”. Celui qui a transformé sa vie à tout jamais !

Ce simple petit mot évoque souvent de grandes choses. Le transport, souvent exceptionnel, de matériaux en grande quantité ou d’un volume impressionnant (vous avez déjà vu passer une pièce de fusée sur une autoroute ?!). Mais dans la mémoire collective, il rappelle aussi, souvent, les convois vers la mort dans les camps de concentration de la seconde guerre mondiale. Mais saviez-vous que les Juifs n’étaient pas les seuls à prendre ces trains à bestiaux ? Il y avait les résistants, les opposants, les homosexuels… et les Espagnols sous le nouveau régime dictatorial de Franco.

C’est le récit d’un de ces déportés, ayant été emmené au terrible camp de Mauthausen, qu’Angelita va découvrir en retrouvant son père biologique. Mais Denis Lapière va plus loin en narrant l’expérience de la jeune femme et de sa mère sur les plages françaises après avoir traversé la frontière dans l’espoir d’une vie meilleure, le regard des autochtones sur ces immigrants venant en masse et la répercussion sur la vie de tous les jours. Une tranche de vie à la fois courte et longue, sommaire et intarissable dans ses non-dits, et riche d’émotions retransmises dans le dessin d’Eduard Torrents qui résume admirablement les silences dans l’expression d’un regard embué de larmes.

Un graphisme assez réaliste qui accompagne l’existence de cette famille explosée par la succession de guerres. Une ambiance mise en valeur avec les décors, avec une colorimétrie, signée Froidebise, un peu terne, comme un vieil album photos ressorti d’un grenier poussiéreux. Certes, le scénario n’est pas tendre, mais plus de chaleurs dans les couleurs auraient sans doute ajouter du contraste entre la vie qui a gagné contre la mort malgré toutes les souffrances. Je clôturerai en vous suggérant le film “Le photographe de Mauthausen” auquel j’ai directement pensé… à la prochaine (chronique).

ShayHlyn.

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