Kujo, l’implacable T5

Auteur : Shôhei Manabe
Editeur : Big Kana
Genre : Drame – Corruptions – Vices
Sortie : le 9 février 2024

Avis de l’éditeur :

Shûto ne veut plus revoir Shizuku. Elle qui pensait pouvoir compter sur Mû-chan pour la réconforter, une rencontre fortuite pourrait ramener Shizuku à sa triste réalité. Alors que la jeune femme pensait avoir touché le fond, une main tendue va l’aider à reprendre espoir. L’affaire pour laquelle a été choisie Kujô approche de son dénouement.

Mon avis :

Indéniablement, tout rapprochement avec cette qualité sombre mais percutante de la série Ushijima n’aura pas tardé. Plus les tomes défilent, plus on se cristallise en profondeur. Avec ce nouvel opus de Kujo l’implacable, nous nous retrouvons en terrain connu, avec cette vision terrifiante de ce que l’Humain peut démontrer de plus vil.

Qu’il s’agisse de l’usurier Ushijima ou dorénavant agencé d’un avocat aux critères des plus douteux, l’enjeu se veut encore une fois porté vers l’appât du gain, où le narcissisme dérangeant, et surtout des individus dominants et peu enclins envers la souffrance de leurs prochains prédominent.

Une sombre réalité issue des galeries underground d’un Japon moins visible. Une vérité bien réelle, définissant les rôles de chacun, de la brebis au loup, du chasseur et de sa proie.

Comme à son habitude, Shôhei Manabe place la barre définitivement très haut, bien que ses protagonistes pataugent dans une mélasse on ne peut plus déconcertante. L’avidité de l’humain, sa cupidité, son ignorance aussi intrinsèques au-delà de conséquences désastreuses.

Il y a tant à dire sur le sujet, que même des thèses de fin d’année ne suffiraient guère. La force, ou plutôt la quintessence de l’artiste est porté à accentuer cette tyrannie viscérale par- delà les nuages. Par moments, on a juste l’impression que ces figurants sont dénaturés d’une quelconque forme d’humanité, monstres en attentes issus de tiroirs du temps prêts à bondir sur une éventuelle victime. Et d’autre part, des démonstrations verbales de grands pontes, à la finesse et au vocabulaire qui nous laissent pantois et déconstruits.

Si la magie de la noirceur humaine incarne un artiste, il s’agit effectivement de Shôhei Manabe, là où un Takashi Miike ou autre Shin’ya Tsukamoto déploient leur répertoire au cinéma par une démonstration de style indémodable.

S’adresse à toutes les âmes torturées ou torturantes. De quoi vous retourner de votre linceul de feu…
Coq de Combat