Les âmes fendues

Scénario : Xavier Bétaucourt
Dessin : Jean-Luc Loyer
Éditeur :Steinkis
Date de sortie : 18 janvier 2024
128 pages
Genre : Documentaire

« Toute hospitalisation psychiatrique est une violence faite à la personne. Il faut ouvrir des espaces, des endroits où ils existent.« 

Présentation de l’éditeur

L’hôpital psychiatrique est un endroit empreint de fantasmes et d’appréhensions. Lieu de libération pour certains, de peur pour d’autres, il traverse nos imaginaires. Mais que se passe-t-il réellement derrière ses murs ? Quelles maladies y sont soignées et par quelles méthodes ? Qui sont ces malades souffrant de stigmatisation sociale ? C’est en plongeant dans le quotidien de l’hôpital et dans la relation singulière entre les soignants et les patients que vous découvrirez la vie de ces « âmes fendues »…

Mon avis

Xavier Bétaucourt et Jean-Luc Loyer ouvrent les portes du Centre Hospitalier Camille Claudel et écoutent ceux et celles qui y travaillent, y sont accueillis qu’ils soient patients ou aidants. On comprend rapidement que le but est de déconstruire des représentations premières tenaces sur les hôpitaux psychiatriques, sur les patients et leur maladie. La souffrance de ces derniers est mise en avant, on pourrait croire qu’elle ne se trouve que dans la tête, elle est aussi physique.

Les témoignages sont nombreux et variés mais forment finalement un maillage cohérent. Le style semi-réaliste de Jean-Luc Loyer fonctionne. Les couleurs pâles de Thomas Lavaud soulignent les ombres, le choix de représenter les personnes souffrant de pathologies psychiatriques dans un marron sableux souligne le poids de la maladie sur ceux et celles qui en sont victimes, les faisant apparaitre comme des statues de glaises presque fantomatiques.

La présentation est immersive et met l’humain au centre du propos. Le lecteur comprend davantage ce qu’est la schizophrénie ( l’ouvrage se concentrant particulièrement sur cette maladie), ses symptômes, les traitements et les adaptations nécessaires pour que la personne souffrant de celle-ci puisse vivre dans une société qui a peur d’elle.

Les relations entre soignants et les patients, les méthodes employées pour soigner et permettre un quotidien supportable sont évoquées avec une sincérité évidente.

Des papillons volent, comme un fil rouge, autour de ceux qui sont écrasés par des angoisses que chacun d’entre nous peut avoir, mais dont la nature, l’ampleur et la fréquence sont telles que le réel s’envole. Mon amoureuse a une jolie expression pour décrire ceux qui, lorsqu’on les croise dans la rue, semblent être déconnectés de la réalité : « Ils parlent aux papillons » dit-elle souvent. C’est d’ailleurs ce à quoi un témoin invite le lecteur à faire : « La prochaine fois que vous nous croisez en ville ou ailleurs, soyez sympa s’il vous plaît n’ayez pas peur. « 

Petitgolem13