Des Avions de Papier

Scénario : Jennie Wood
Dessin & Colorisation : Dozerdraws
Éditeur : Jungle
Date de sortie : 1er février 2024
Genre : tranche de vie, LGBTQ+

« Quand j’ai dit à ma mère que je n’aimais ni les filles ni les garçons, elle est partie du principe que j’avais un problème et m’a envoyée chez le psy. Quand celui-ci lui a répondu que je n’avais pas de trouble mental, ça ne lui a pas plu. Elle m’en a fait consulter cinq autres, espérant entendre que c’était ‘juste une phase’ ou ‘un choix’. Heureusement, elle avait choisi de bons psys qui ont refusé de lui mentir. Ça ne l’a pas empêchée d’espérer que je ‘redevienne normale’ et veuille sortir avec un mec. »

Présentation de l’éditeur :

Inséparables depuis toujours, Leighton et Dylan voient leur amitié mise à l’épreuve lorsqu’un incident dramatique les conduit à devoir passer l’été dans une colonie pour jeunes en difficulté.

Les défis imposés par la colo poussent les deux jeunes gens à se découvrir, à analyser l’incident qui menace leur avenir et à explorer l’amitié qui les unit depuis l’enfance. Plus que tout, Dylan et Leighton vont devoir découvrir quel genre de personne ils veulent véritablement devenir…

Mon avis :

Rendez-vous avec le passage sans doute le plus compliqué dans la vie d’un être humain : l’adolescence ! On se cherche, on apprend à découvrir les autres, on évolue… Mais Leighton et Dylan vont l’expérimenter d’une bien étrange façon : dans un camp de vacances pour jeunes filles à problèmes. Déjà là, les autrices nous ramènent à notre propre conception du monde, car Dylan, contre toutes attentes, est également née fille (d’où sa présence, forcément, dans le même camp que son amie…). C’est donc presque une évidence que notre société change et qu’il ne faut pas toujours croire ce que nos yeux disent.

Sans doute est-ce d’ailleurs le leitmotiv de Jennie Woods dans ce récit : abattre les préjugés liés aux genres et aux styles des jeunes filles présentées dans ce contexte. Certes, elles sont dans un centre pour adolescents difficiles : mais pourquoi ? Même la raison qui concerne Leighton et Dylan ne se découvrira que vers la fin. On ne peut alors s’empêcher d’imaginer et découvrir combien on a d’idées préconçues selon les styles vestimentaires, les coiffures, les attitudes… et quand on passe outre : on découvre des personnalités bien différentes qu’attendues. On peut même dire qu’on s’y attache, contrairement à celle qui entrent pourtant dans le moule de notre société.

Le graphisme de Dozerdraws est quant à lui dans l’air du temps, le trait épais et lisse, les visages excessivement expressifs étalés sur une palette très large de couleurs dominantes. Un style qui semble plaire aux adolescents et qui leur rend la part belle, étant les personnages principaux de cette histoire qui doit sûrement se refléter chez nombre d’entre eux. Quel jeune ne se cherche pas ? Surtout quand il faut répondre aux attentes des adultes, réagir à ses propres ressentis (ou même absence de ceux-ci) et continuer de se créer en harmonie avec soi-même.

C’est ce que cette BD leur enseigne avec sagesse et subtilité dans ce camp de vacances un peu spécial. L’important est d’accepter qui on est, même si on voudrait être un garçon, même si on aime être une fille mais préférer l’esthétique masculin, afficher son art sur sa propre personne et croire en ses rêves… c’est le plus important. Croyez-en vous jeunes gens !

ShayHlyn.