Chiara Rosenberg et autres gourmandises [Pour Public Averti]

Scénaristes : Celestino Pez et Lorena Canossa
Dessinateur : Roberto Baldazzini
Editeur : Delcourt Collection Erotix
Genre : Erotique
Sortie : le 6 septembre 2023

Avis de l’éditeur :

Côté pile, Chiara Rosenberg subit les outrages de son mari juif. Elle est maso. Côté face, elle domine son amant catholique. Elle est sado. Petit à petit, elle s’aventure dans une passion dévorante avec son jeune photographe, tandis qu’elle se soumet docilement, mais avec ennui, aux jeux de son mari. Au final, l’amant obéissant se révélera aliéné et l’impétueux mari finira par douter de sa fidélité.

Mon avis :

Chiara Rosenberg vit une réelle expérience au quotidien aux côtés de son mari Angelo, un écrivain de renom. Celui-ci, particulièrement dominateur, lui inflige des sévices moraux et physiques débordant d’imagination. Tous les deux s’y retrouvent, bien que Chiara, par moments, déplore l’attitude frénétique de son époux.

Lors d’une soirée mondaine, elle éprouve de violents maux d’estomac, suite à la tisane conçue pour lui donner mal au ventre. Se trouvant allongée dans une chambre d’amsi, elle y fait la rencontre d’un jeune homme qui d’entrée de jeu l’adule, l’adore et se met à ses genoux. Commence dès lors une métamorphose, du moins partielle, pour la belle brunette, prise dans un étau entre l’amour qu’elle témoigne envers son mari et le désir de posséder le cœur de son jeune aspirant…

Aux commandes de cette brique de + de 220 pages, les auteurs ont décortiqués l’album en trois séquences : la primordiale avec le récit de Chiara, le second évoluant dans des bas-fonds sordides avec Aura l’orpheline, confondue avec un garçon et violentée, et enfin dans un registre à cent lieux, un scénario évoluant à la date cérémoniale du 31-12-1999 à l’aube du 21ème siècle.

Chiara Rosenberg et autres gourmandises_Celestino Pez_Lorena Canossa_Roberto Baldazzini_Delcourt_Erotix_extrait

3 récits indépendants les uns aux autres, avec un style artistique propre à chacun. On s’attardera essentiellement sur la trame centrale mettant sous les feux de la rampe, l’héroïne primordiale en l’occurrence Chiara Rosenberg, femme docile envers son époux, voire extrêmement soumise au vu de la rigueur que celui-ci envisage envers sa moitié.

Un couple également épris d’amour qui jouira pleinement de ses actes, et ce en dépit du jeune type endossant le rôle de soumis. Ce dernier ne souhaitera nullement profiter de l’aubaine lorsque Chiara verra en lui un potentiel nouvel amour ; profondément englué à espérer, pour sa part, une dominatrice non humaine, voire cosmique, ne reflétant aucunement la réalité et le désir demandé par la jeune femme.

La sexualité en termes classiques n’est cependant pas exposée comme pour d’autres titres de la littérature érotiques, du moins pour le récit avec Chiara. Celestino Pez privilégiant les humiliations verbales, les coups à quelques reprises, autant portés sur Chiara que cette dernière vis-à-vis du jeune soumis, réclamant son dû au-delà de la relation affective en elle-même, élément qui justifiera l’éloignement de Chiara Rosenberg, plus encline à vivre une expérience plus aboutie et pas uniquement limitée dans un seul registre.

Il va sans dire que le lecteur lambda risque de rapidement faire marche arrière et de refermer les pages avant de découvrir la fin. Bien que les deux autres récits régalent par leur côté exhibitionniste, on n’évolue clairement pas dans un contexte classique de la BD pour adultes. Tout dérape vers un excès disproportionné même si l’intitulé en fin d’album avec le 31-12-1999 se concentre peu vers une directive érotique, mais plus enclin à parader dans une ambiance des années 50, au vu du style artistique déployé.

Car oui, la force de ce recueil relève de la disposition révélatrice du dessinateur Roberto Baldazzini, qui déploie d’un récit à l’autre, une variation pour le moins raffinée et diversifiée.

Là où pour Chiara, il exécute un travail davantage aux normes modernes (rappelons que l’édition originale date de 2003 chez Dynamite BD et une 1ère version chez Delcourt en 2010), l’artiste modifie exagérément son style graphique pour son deuxième récit, pour littéralement endosser un crayonné vintage, en noir et blanc pour la trame finale.

Que l’on apprécie ou non l’ouvrage, mentions spéciales donc pour la précision visuelle orchestrée par Baldazzini qui émancipe son héroïne et ses personnages secondaires en les marquant d’une puissance débordante.

Voici donc un titre non conventionnel, qui affiche pleinement ses cartes sans réels tabous, les distillent avec une certaine sauvagerie, avec pour seul regret que le texte sur Chiara ne consiste l’étendue de l’album à lui seul, bien au-dessus finalement de ce qui suit.

Coq de Combat

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