Auteur : Milo Manara
D’après l’œuvre de : Umberto Eco
Editeur : Glénat
Genre : Historique
Sortie : le 20 septembre 2023
Avis de l’éditeur :
En l’an 1327, dans une abbaye bénédictine du nord de l’Italie, plusieurs moines sont retrouvés morts. Pour mettre un terme à ces inquiétantes disparitions avant l’arrivée d’une importante délégation de l’Église, le frère Guillaume de Baskerville tente de lever le voile sur ce mystère qui attise toutes les superstitions.
Mon avis :
Afin de mieux saisir ce projet du Nom de la Rose signé par l’illustre Milo Manara, il est impératif d’éclaircir la mini introduction reprise sur les 3 premières pages de ce 1er volet, par laquelle l’auteur énumère ses recherches datant de 1968 pour le Manuscrit de « Dom Adson de Melk ». Une exploration qui le mène de Vienne, à Paris, puis à Buenos Aires et l’incite à narrer l’histoire d’Adso de Melk.
Notre récit évolue en l’an 1327 bien que faisant suite aux tribulations de 1314 où deux empereurs, Louis de Bavière gouverneur d’une rive, et Frédéric d’Autriche de l’autre engendrèrent bien des conflits. C’est ainsi que le frère Guillaume de Baskerville, précédé d’une grande renommée en tant qu’inquisiteur en Italie, accompagné par son jeune secrétaire Adso de Melk, se dirige vers une abbaye bénédictine au nord du pays suite au décès de plusieurs moines.
Sur place, une atmosphère pesante y règne, synonyme de tribulations. Les religieux méditent mais ne trouvent nulle paix ; toute personne vivant dans ses murs se confronte aux regards de leurs camarades, qui pour l’heure questionnent quant à leur fiabilité.

Aux commandes scénaristiques, Milo Manara véhicule une trame qui interpelle ; aux informations révélées au compte-gouttes, qui ont pour but justement de nous apaiser d’une certaine lenteur calculée et qui donne le ton.
Le raisonnement d’un homme clairvoyant et prudent : voilà les aspirations de l’abbaye lorsqu’ils chantent les louanges de Guillaume de Baskerville. On pourrait presque décrire sa venue en tant que métaphore spirituelle, d’un apôtre venant en paix, mais bien décidé à éclaircir les meurtres perpétrés.
L’aspect chrétien y est forcément mis en valeur avec d’une part la vertu et la piété de l’ascète, de l’autre : les imageries chimériques imaginées par le biais de visions terrifiantes où des anges, des démons et autres créatures fantasmagoriques s’adonnent à la luxure. La chasteté forniquant avec les pensées impures de ces moines les martèle, les ramenant à leur « Moi » profond, prières authentiques souillées par un désir de luxure…
D’entrée de jeu, le lecteur se sentira aspiré par cette énergie qui recouvre le monastère. La première vision de l’abbaye reprise en pleine planche donne clairement le tournis, plantée dans un décor effrayant, et attirant par la même occasion. L’énorme récif rocailleux qui mène à la citadelle est juste gigantesque, comparable à une prise de vue cinématographique qui nous balance un monument lugubre en pleine face. Et le mystère qui plane autour de la bibliothèque mènera notre duo aux confins de la vérité.
La partie graphique soignée et purement esthétique comblera les admirateurs de Manara, faisant de cette nouvelle série, un édifice incommensurable de sa biographie. Les prises de vue exceptionnelles parlent d’elles-mêmes. La profondeur de champ est calibrée comme sur une TV OLED, avec un contraste arrière-champ à l’infini. On peut seulement reprocher certains faciès quelque peu trop clichés aux visages exagérément lisses mais un choix qui se défend au vu de l’évolution du scénario.
Une excellente entame de série, en hommage également au précieux ouvrage de Umberto Eco ainsi qu’au film long métrage de Jean-Jacques Arnaud, avec le regretté Sean Connery accompagné de Christian Slater en 1986.
Sûrement l’une des sorties phare de cette fin d’année pour les éditions Glénat
Coq de Combat


Une œuvre célèbre qui ne pouvait pas être mieux illustrée que par le Maïtre !
… et qui méritait une bannière !
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