Soigne, maltraite et tais-toi !

Céline Boussié – Parcours d’une lanceuse d’alerte

Scénario : Ferenc
Dessin : François Saz
Éditeur : La Boîte à Bulles
128 pages
Date de sortie : 13 septembre 2023
Genre : société

« Madame la juge, je vous parle d’êtres humains, et pas de plantes vertes. »

Présentation de l’éditeur :

Ce sont les vigiles de notre société moderne, ceux qui obligent nos gouvernants à prendre des mesures pour limiter les abus les plus scandaleux Portraits de lanceurs d’alerte.

Le combat de Céline Boussié, la lanceuse d’alerte qui a dénoncé les actes de maltraitance de l’IME de Moussaron…

Céline Boussié a toujours eu la fibre sociale. Ce qu’elle aime, c’est aider les autres. En 2008, elle intègre l’IME de Moussaron pour prodiguer des soins aux résidents polyhandicapés.

Mais, alors qu’elle pensait avoir décroché le job de rêve, c’est une réalité tout autre que découvre Céline : à Moussaron, les équipements et locaux sont vétustes, le personnel insuffisant et, de fait, les pensionnaires subissent des traitements indignes.

Pendant 5 ans, elle essaiera de composer avec ce peu de moyen. Pendant 5 ans, on lui reprochera de se mêler de ce qui ne la regarde pas. En 2013, pour Céline, lancer l’alerte devient une nécessité.

Les réactions ne se feront pas attendre : sanctions financières, menaces, vandalisme… Elle sera licenciée puis inculpée pour diffamation – comme trois autres employé.es avant elle.

Mais elle ne baissera pas les bras et n’aura de cesse de se battre pour que cesse cette maltraitance institutionnelle et que soit reconnu son statut de lanceuse d’alerte.

Mon avis :

Comme dit l’adage : nul ne sait ce qui se passe derrière les portes closes ! C’est légitime dans la sphère privée, entre adultes consentants. Mais quand il s’agit de bâtiments financés par l’État, des centres où on confie des êtres chers… La population est en droit de savoir ce qu’il s’y passe. Surtout quand ça dérape (et le mot est faible) comme dans l’IME de Moussaron. Céline Boussié s’est retrouvée dans un mouroir pour enfants, un complexe sordide où des gamins n’avaient pas la moindre intimité, pas la moindre considération en tant qu’être humain sous prétexte d’être sévèrement handicapés. À un point tel qu’on serait tenté de dire que les animaux en abattoirs sont mieux traités (et dieu sait qu’ils ont souvent des fins de vie déplorables !).

Le style graphique journalistique/réaliste de François Sanz nous frappe en pleine figure en voyant ces jeunes dépérir faute d’attention et de soins adéquats. Les couleurs sont ternes pour accentuer la misère de ce centre et les difficultés à se faire entendre dans ce monde où politique, argent et magouilles vont bien souvent main dans la main.

Ferenc s’est fait fort de détailler le parcours de cette femme qui a su tenir bon malgré la tourmente. Imaginez une personne dont le bien-être d’autrui a toujours été au cœur de ses convictions, et mettez-là dans un centre où des gamins sont mal fagotés, mal nourris, dépourvus de toute intimité que ce soit lors des soins, des bains ou de moments plus personnels. Devoir allonger des adolescents dans des lits à barreaux trop petits, attacher les plus turbulents à leur lit, dans des positions inconfortables, ou encore déplorer la vétusté des lieux quand les directeurs s’offrent Ferrari et autres voitures de luxe.

Voilà ce qu’à dénoncé Céline Boussié au risque de représailles tant au sein de l’établissement qu’en dehors. Devoir faire face, faire fi des menaces (parfois violentes), protéger sa famille et sa vie pour malgré tout oser porter son alerte jusqu’à qui de droit. Mais surtout… Surtout : parvenir à ce que les choses changent ! Et ça, c’est un sacré défi qu’on ne peut que saluer. Car il en aura fallu du courage et de la détermination ! Et merci à ces gens qui ne lâchent rien face à l’intolérable. Merci !

ShayHlyn.