Scénario : Thierry Martin (adapté d’une nouvelle de Jack London)
Dessin : Thierry Martin
Éditeur : Futuropolis
104 pages
Date de sortie : 06/04/2017
Genre : Conte philosophique

Présentation de l’éditeur
Nam-bok vit dans le Grand Nord, dans une tribu totalement isolée. Un jour, partant à la chasse au phoque dans sa bidarka – son canoë -, il se perd dans l’immensité de l’océan. Des mois, des années plus tard, il réapparaît, au grand étonnement des siens qui le croyaient mort. Il se met à raconter ce qu’il a vécu et découvert au cours de son voyage : les « grands canoës énormes » qu’on appelle « goélettes », et qui peuvent aller « contre le vent », ou les vapeurs qui sont en fer mais ne coulent pas. Il raconte comment, emporté par une lame jusqu’à un rivage, il fut recueilli par une famille qui le nourrit et lui donna ce qu’on appelle de l’argent. Il raconte encore comment il a été conduit, à travers tout le pays, par un monstre de fer, nourri avec des pierres et de l’eau et crachant du feu. Il raconte enfin comment il est arrivé à un village, « le plus grand de tous », où « les toits des maisons montaient jusqu’aux étoiles »… Le retour de Nam-bok pourrait-il bien annoncer l’arrivée du progrès, un progrès aux effets pervers ? Quoi qu’il en soit, les membres de sa tribu ne croient en rien ce que raconte Nam-bok, et finiront par le rejeter.
Mon avis
J’étais bien embêté quand j’ai dû remplir la ligne « Genre » un peu plus haut. Mais je crois que, finalement, conte philosophique s’applique pas mal. En effet, l’histoire de Nam-Bok, ce pêcheur membre d’une tribu isolée d’un Grand Nord qui pourrait être canadien, groenlandais ou russe, que l’on croyait mort et qui revient après des années d’absence, est bien de celles qui nous donnent à réfléchir. En effet, si sa volonté de transmettre un récit détaillé de ses aventures et de toutes ces choses inouïes qu’il a vues a, semble-t-il, pour but louable d’ouvrir l’esprit des autres membres de sa tribu, on ne peut s’empêcher de craindre les effets potentiellement pervers d’une éventuelle « arrivée » d’une forme de progrès technique et/ou technologique en ces terres reculées et préservées.
D’un autre côté, qui sommes-nous pour juger de ce qui est bon pour certains peuples ou certaines peuplades et ce qui ne l’est pas ? D’autant que les raisons pour lesquelles les membres de la tribu finissent par rejeter Nam-Bok ne sont pas uniquement liées à la crainte des équilibres rompus. C’est avant tout l’ignorance et la peur de l’inconnu qui poussent ses habitants à refuser d’admettre une réalité non conforme à leur vision d’un monde étriqué.
« Les choses reprennent leur équilibre et tout est conforme à la loi »
Alors, qui a raison ? Nam-Bok et son envie d’accession au progrès pour les membres de son village natal ? Ou bien le conseil du village qui choisit de l’expulser afin que « Les choses reprennent leur équilibre et tout [soit] conforme à la loi » ? En tout cas, c’est bien là une question philosophique.
Quant à la dimension conte, Thierry Martin nous la fait vivre à travers ses dessins aux lignes et couleurs épurées, aux aplats profonds, dans une ambiance de huis-clos (on est sur une île, dans un tout petit village). On notera d’ailleurs que le dessin semble s’effacer, en quelque sorte, pour toutes les parties de dialogue entre les villageois et Nam-Bok, un peu comme si l’auteur nous incitait à nous concentrer sur la problématique de cette opposition entre son personnage principal et les membres de la tribu. En revanche, les cases et pages illustrant la confrontation de Nam-Bok avec « Le monde moderne » sont plus détaillées, plus grandioses. Elles traduisent ainsi l’extraordinaire impression qu’elles ont dû laisser sur le jeune pêcheur.
Le résultat, c’est une BD agréable qui se lit assez vite (malgré les 104 pages) tout en imprégnant le lecteur des problématiques liées au progrès, à la civilisation et au partage du savoir.
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Odradek









Conte philosophique, c’est bien vu. Un album intéressant en effet qui amène pas mal de questions ; une histoire transposable dans la société moderne
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