Autrice : Nine Antico
Éditeur : Dupuis | Aire Libre
144 pages
Date de sortie : 20 janvier 2023
Genre : tranche de vie
« S’il existe un titre plus élevé que celui de femme, il sera pour moi… »
Présentation de l’éditeur :
À travers trois nouvelles, inspirées de destins véridiques, Nine Antico brosse un instantané de la condition des femmes dans l’Italie du XXe siècle. Il y a d’abord Agata, envoyée par son père dans un sanatorium pour échapper au scandale public déclenché par l’assassinat de sa mère par son amant. Puis Lucia, tondue et écartée de la vie sociale à l’issue de la Seconde Guerre mondiale pour avoir couché avec un soldat allemand. Et enfin Rosalia, placée sous protection de témoins après avoir livré le nom de plusieurs mafieux de son village… Ces trois jeunes femmes, portant toutes des noms de saintes, seront sacrifiées sur l’hôtel des valeurs sociétales malgré leur détermination, leur courage ou leur innocence…
Madones et putains : un récit puissant comme un drame antique et précis comme une étude sociologique, dont la beauté graphique comme le propos ne peuvent laisser indifférent.
Mon avis :
Un titre choc pour 3, voire 6, histoires qui le sont tout autant ! Trois jeunes femmes italiennes voient leurs vies se refléter dans le martyr de saintes aux prénoms homonymes. Trois récits aussi bouleversants que véridiques dans la botte de l’Europe, durant le XXe siècle… parsemés de fantômes d’un passé pas si révolu que ça.
Certes, le dessin majoritairement en noir et blanc, à l’encrage épais de temps en temps taché de rouge, peut ne pas plaire à tout le monde. Mais c’est un style qui donne un certain coté intimiste, personnel à l’œuvre de Nine Antico, tout comme ces nombreuses citations de prières en italien dans le texte (heureusement traduites en fin d’ouvrage).
Mais au même titre qu’une tranche de vie, on découvre des lieux culturels et touristiques de la Sicile et de Naples. Avec Agata, nous allons non seulement au pied du Stromboli, mais également à Palerme où on peut voir la crypte des Capucins remplie de momies, dont celle d’une jeune fille qui inspira Agata. Sa mère fut assassinée par son amant qui ne fut pas (ou peu ?) condamné pour son crime… car c’était presque légitime de tuer une femme adultère à cette époque – nous sommes en 1911. En 1945 par contre, fricoter sans vergogne avec les GI sauveurs du monde n’étaient pas péchés, mais aimer un Allemand, fut-il déserteur du régime nazi : voilà une tout autre affaire !
Quant à Rosalia, celle-ci nous plonge dans la mafia jusqu’au cou. En effet, dans les années 1990, la jeune femme osa témoigner contre la mafia, alors maîtresse du sud de l’Italie et de la Sicile… mortel ! De quoi faire frémir le lecteur qui découvre à la fois la vie de ces femmes modernes, mais aussi le martyr de leurs saintes. Comme Sant’Agata jetée dans un lupanar pour avoir refusé un mariage, et à qui on coupa les seins comme punition. De même que Santa Lucia qui s’arracha les yeux, après avoir également fini dans un lupanar.
Trois récits savamment liés par l’autrice et qui en dit long sur la condition de la femme dans notre société, il n’y a pas si longtemps que ça. Comme quoi, on peut être une sainte (Madone) mais jugé comme une putain… sans même perdre sa virginité. À méditer…
ShayHlyn.
C’est très dommage de gâcher un scénario apparemment exceptionnel, par un graphisme si peu soigné… je suis toujours agacé par ce parti pris !
Dans Bande dessinée, il y a l’adjectif « dessiné », pas bâclé !😡
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Hélas en effet. Avec un autre dessin, ça aurait été parfait
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Moi ce qui me surprend un peu , c’est la typo visiblement très variable.
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En effet, ça paraît brouillon ainsi, mais c’est pour différencier les prières, le fil narratif, les dialogues… vraiment dommage ce graphisme
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Les victimes expiatoires de la lacheté des hommes ….. ca date pas d’hier et cela ne prend pas le chemin d’une amélioration…
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