Saint-Elme T3 Le porteur de mauvaises nouvelles

Scénariste : Serge Lehman
Dessinateur : Frederik Peeters
Editeur : Delcourt
Sortie : le 12 octobre 2022

Une belle surprise, à la trame pas toujours convaincante mais au trait régulier et intense

Avis de l’éditeur :

Philippe Sangaré débarque à Saint-Elme et se lance sur la piste de son frère disparu. Romane révèle à Paco ce que voit réellement son père dans sa chambre.

Mon avis :

Comme le souligne fort bien l’éditeur Delcourt, Saint-Elme se veut être à la croisée du polar noir, de l’étrange et de l’absurde. Polar sombre qui nous rappelle le cinéma américain des années 30 jusqu’au milieu des sixties. Récit jouant sur l’étrange dans sa mise en scène, dans ses tournures de style ainsi que ce côté mystérieux enraciné dans certaines légendes urbaines. Enfin, et non des moindres, une touche versant dans l’absurdité ; l’incompréhension dans laquelle le lecteur aguerrit piétinera en totale interrogation.

A Saint-Elme, les récents événements de kidnapping et de meurtre sont liés de près ou de loin à la famille Sax. En commençant par le père, Roland, un ingénieur des mines fortuné, propriétaire de l’usine d’eau minérale relancée après plus de 3 décennies. Ses enfants Stan et Tania ne sont pas en reste en développant des business juteux par le biais de trafic de drogue. Mais les résultats d’analyses de l’eau indiquent un fort taux de radioactivité émanant de celle-ci… et ce n’est pas tout puisque les jumeaux Stan & Tania ne seraient pas réellement les enfants de Roland Sax, mais issus d’un viol familial.

Tandis que le détective Frank enquête sur l’usine, il se retrouve en fâcheuse posture aux mains des Sax. C’est alors que Philippe Sangaré, son frère, débarque dans ce patelin, bien décidé à réorganiser ce puzzle. En parlant de puzzle, il s’agit d’un sacré melting pot qui, à plus d’une occasion, nous bouscule ou nous questionne et pas réellement de la manière attendue.

Serge Lehman détient ce don à nous propulser un scénario rocambolesque, hitchcockien par moments, impossible à décortiquer à d’autres. A la fois étrange, surprenant et aussi, admettons-le, brouillon ou est-ce simplement l’effet souhaité, à nous faire perdre pied dans cette mise en scène insaisissable pour laquelle plusieurs lignes de vie s’entremêlent ?

Ce qui colle parfaitement avec son style graphique, avec la mention +, dû à la perfection de la colorimétrie sur certaines planches, notamment pour la seconde moitié de l’album. Avec cette ambiance « Pulp », aux textures flashy en abondance, le patte de Frederik Peeters enjolive cette atmosphère intrigante.

Les séquences se déroulant dans la grotte comportant ces nuances provocantes verdâtres tout comme les néons resplendissants de St-Elme et ses bas quartiers illuminent de leur impact. Des scènes se jouant majoritairement en pleine pénombre et brillant par leur lot multicolore. Un résultat optimal.

Une belle surprise, à la trame pas toujours convaincante mais au trait régulier et intense.
Coq de Combat