La commode aux tiroirs de couleurs  

D’après le roman d’Olivia Ruiz

Scénario : Véronique Grisseaux
Dessin : Amélie Causse & Winoc
Éditeur : Grand Angle
80 pages
Date de sortie : 3 novembre 2021
Genre : tranche de vie, histoire, drame, émotions.

« Pourquoi on nous regarde comme des bêtes curieuses ?
– Parce qu’on est des immigrés espagnols. Les français ne nous aiment pas. »

Présentation de l’éditeur :

« Enfin, après tant d’années d’impatience domptée, je vais connaître le secret que renfermaient ces dix tiroirs. Ma grand-mère les nommait ses renferme-mémoire. »

À la mort de sa grand-mère, une jeune femme hérite de l’intrigante commode qui a nourri tous ses fantasmes de petite fille. Le temps d’une nuit, elle va ouvrir ses dix tiroirs et dérouler le fil de la vie de Rita, son Abuela, dévoilant les secrets qui ont scellé le destin de quatre générations de femmes indomptables, entre Espagne et France, de la dictature franquiste à nos jours.

D’après le brillant premier roman d’Olivia Ruiz, cet album porte une fresque flamboyante sur l’exil qui a déjà conquis des centaines de milliers de lecteurs.

Mon avis :

C’est la folie des coups de cœur ces jours-ci ! De quoi demander au père Noël de me mettre le roman d’origine sous le sapin. Après « Aimer pour deux » voici une autre histoire qui remonte jusqu’à une période de guerre. Olivia Ruiz, sous le scénario, ici, de Véronique Grisseaux, nous plonge au cœur de la guerre civile espagnole de 1936-1939.

Rita qui a hérité de l’énigmatique et mystérieuse commode de sa grand-mère, découvre un passé qu’elle ne soupçonnait même pas. Dans chacun des tiroirs de différentes couleurs, une lettre qui lui est destinée, un témoignage de la vie de son Abuela : de son parcours entre l’Espagne sous le règne de Franco et la France, terre d’accueil – pas si accueillante que ça de prime abord.

Comme Rita découvrant l’héritage de sa grand-mère : j’ai pleuré, j’ai senti mon cœur se serrer, j’ai aimé, j’ai haï… parce que ça sonne vrai. Ça sonne juste ! Comme ces parents, farouches résistants contre le gouvernement franquiste qui ont tout sacrifié pour sauver leurs 3 filles, jusqu’à donner leur vie. Ou encore l’exode vers la France, l’accueil glacial.

« Espagnols de merde. Comme ils sont sales, … Oui, ils puent. Encore des bouches à nourrir… »

Mais aussi les amours… et les emmerdes ! Le plus beau cadeau de la vie pour une mère, mais aussi la déchirure innommable de le perde, que ce soit Rita ou la mère de son amant. Dans les deux cas, le sort était contre elles. Contre toutes ces femmes qui endurent la maladie d’un nouveau-né, d’un enfant, … la détermination d’un fils révolutionnaire en période de guerre. Alors on s’émeut à la lecture de ces lettres, de ces souvenirs, … car ça aurait pu être le passé de n’importe qui, d’Espagne ou d’ailleurs.

Et puis on admire aussi : le dessin d’Amélie Causse et Winoc. La couverture nous prévient d’emblée : ça sera une histoire de femmes. De belles femmes. De femmes fortes. La finesse du trait, la chaleur des couleurs, l’atmosphère, les décors, … rien n’est laissé au hasard et c’est beau. Alors que dire, si ce n’est que c’est un magnifique coup de cœur que j’espère rapidement lire en roman.

ShayHlyn.