Le plongeon

Scénario : Séverine Vidal
Dessin : Victor Lorenzo Pinel
Éditeur : Grand Angle
Date de sortie : 13 janvier 2021
Pages: 80.
Genre : Personnes âgées, changements de vies, maisons de repos.

 » Je ne fais que ça depuis que je suis arrivée ici…Je tombe. »

Résumé de l’éditeur:

“Un EHPAD, des fesses, de l’amour et des rides !”
En fermant une dernière fois les volets de sa maison, Yvonne, 80 ans, abandonne 40 ans de vie pour intégrer un EHPAD. Le changement est rude pour cette femme indépendante, d’autant qu’elle a encore toute sa tête. Elle a du mal à s’acclimater à cette nouvelle vie, qui la rapproche douloureusement de la mort. Prise dans le tourbillon inéluctable de la vie, l’octogénaire décide de s’offrir une dernière parenthèse enchantée.

Mon avis:

Yvonne à 80 ans ; c’est une grand-mère comblée. Mais Yvonne vit seule : son mari Henry s’en est allé il y a peu et il ne lui reste que sa vieille chienne Balouche. « Deux vieilles ensemble »comme elle le dit si bien…

Yvonne a décidé de vendre sa maison car finalement : à quoi bon y rester ? Fini les rires des enfants, fini la joie, les après-midi au soleil et les barbecues, fini aussi de danser avec son mari et de sentir ses bras autour d’elle. Il n’y a plus rien hormis du vide… Les enfants vivent loin et les petits-enfants ont grandi ; certains sont restés proches d’autres non. Yvonne vit dans ses souvenirs et elle est triste : il n’y a plus de vies qui la rattache à ce lieu ! Une fois sa maison vendue, elle ira vivre dans une maison de repos où le changement est rude malgré son humour pince-sans rire. La peur d’oublier, de vieillir, de devenir impotente, le manque de visites, l’adaptation difficile au règlement intérieur et la sensation de se faire gourmander comme une enfant. C’est le grand plongeon et Yvonne se noie petit à petit…

Malgré tout, elle se fait des amis qui partagent son point de vue cynique sur la vieillesse et ses désagréments. Et puis il y a aussi P.F alias Pierre-François avec qui elle vit une énième amourette, elle qui pensait ne jamais remplacer son Henry bien aimé.

De propos lucides en francs fous rires, le petit groupe poursuit sa vie avec ses hauts et ses bas… Un jour, Yvonne en a marre : elle a envie de vivre non plus comme une octogénaire mais comme si elle était encore jeune et vive, un dernier sursaut avant de ne plus savoir le faire. Elle embarque dans cette folle équipée son groupes d’amis…

Cette histoire est vraiment touchante et me rappelle une flopée de souvenirs. Ma mère a travaillé en tant qu’aide-soignante dans les maisons de repos. Et lorsque mon père s’absentait durant les vacances et que j’étais trop jeune pour rester seule, je l’accompagnais sur son lieu de travail.

Ma mère m’expliquait la détresse et la solitude des résidents parfois abandonnés à eux-mêmes sans plus aucune visite. Ma mère s’occupait d’eux et tentait de leur donner un peu d’amour. Je voyais les ravages du temps et la sénilité apparaître chez ces petits vieux qui hier me donnaient des biscuits et quelques jours après ne me reconnaissaient plus… Ça m’a tellement marquée que lorsque j’étais jeune j’en ai fait un exposé devant ma classe. Maintenant, ma mère a 70 ans et elle me dit souvent qu’elle préfère décéder avant d’en arriver là… Mais c’est qu’elle connaît la suite aussi…

Mon arrière grand-mère a vécu un peu l’histoire d’Yvonne : trop âgée pour rester seule, elle est entrée dans la maison de repos où ma mètre travaillait… Le changement pour elle a été très dur et s’acclimater encore plus. Comme vous pouvez le constater, je suis sensibilisée à tout ça. Et si vous avez de la famille en maison de repos, s’il vous plaît : allez les voir ! Vous leur ferez une joie immense mais surtout ils ne se sentiront pas oubliés !

J’aime beaucoup les dessins qui d’un côté sont très profonds et s’adaptent aux différentes parties du récit en changeant la tonalité des couleurs, mais aussi pour leur simplicité et la douceur qui en émanent. Ils nous aident à ressentir les émotions. Par exemple : regardez la planche au-dessus, la dernière case zoome sur ces deux mains serrées… Moi ça m’évoque vraiment le soutien, la confiance et la tristesse aussi. Les images accompagnent donc le récit en y ajoutant une plus value.

C’est à mon sens une magnifique BD que beaucoup de gens devraient lire, je la recommande vivement et j’ai une pensée pour tous nos aînés en même temps.

Sandra: Ithilwen.

3 commentaires sur “Le plongeon

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  1. En effet, très belle chronique émouvante d’une situation que j’ai vécue de manière très brève avec ma mère.
    Nous l’avions placée en Ehpad pendant 2 semaines d’été pour pouvoir respirer un peu avec mon frère (nous nous occupions d’elle depuis 1 an en se relayant dans sa maison).
    Bien que ce soit un établissement tout confort, elle n’a pas résisté à la solitude malgré les autres pensionnaires et elle est décédée 1 semaine après son retour à la maison.
    Elle en avait en fait assez de « végéter » à 96 ans et ce séjour l’a apparemment achevée.
    C’est malheureux, mais ça nous a un peu libérés et elle était heureuse de « partir » enfin rejoindre mon père 15 ans après.

    Aimé par 2 personnes

    1. Ton vécu est très touchant aussi, mon arrière grand-mère est finalement décédée à 95 ans en souffrances malheureusement mais ma mère s’est bien occupée d’elle. Je trouve que ce sont des âges vénérables pour s’en aller…Une pensée pour ma Nonna en Sicile, partie à 100 ans il y a deux ans maintenant. On avait de la peine aussi mais elle ne savait plus marcher etc. Comme tu le dis joliment, elle a rejoins son mari parti il y a 34 ans maintenant. Merci de ton retour.

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